Corridas nîmoises : les comptes 2013 de Casas révèlent de nouvelles malversations
Le 16 février 2015, nous avons publié un article dans le Huffington Post analysant les comptes 2012 de Simon Casas Production, la société qui organise les corridas à Nîmes. Nous n’avions rien pu dire de 2013, les comptes de cette année-là n’ayant pas été déposés à la date de mise en ligne de l’article et ce, en toute illégalité puisque cela aurait dû être fait au plus tard le 31 juillet 2014. Casas s’est-il soudain rappelé son « oubli » en nous lisant ? A-t-il craint que cela ne lui cause des ennuis supplémentaires, en plus de ceux que lui vaut son refus de payer la TVA à taux normal depuis 2011 ? Quoi qu’il en soit, le greffe a enfin reçu ses comptes 2013 neuf jours après la parution de notre article.
Nous nous les sommes aussitôt procurés. Commençons par ce qui pourrait passer pour des bonnes nouvelles aux yeux de Casas : il a réalisé un bénéfice de 101 000 euros en 2013, après avoir essuyé une perte de 159 000 euros en 2012 – sans parler de son ardoise fiscale qui met sa société en situation de faillite chronique depuis des années.
Là où ce bénéfice devient une plutôt mauvaise nouvelle pour lui, et donc une bonne pour la cause anticorrida, c’est qu’il n’a été obtenu qu’au prix d’une baisse de chiffre d’affaires de 1 336 000 euros. Casas explique cette contre-performance par l’annulation de plusieurs corridas “pour cause de pluie” en 2013 et “surtout un chiffre d’affaires en forte augmentation en 2012 de par l’effet José Tomas“.
Rappelons que «l’effet José Tomas» s’est surtout manifesté par un bilan déficitaire en 2012, comme on vient de le voir. En 2013, les corridas annulées ont entraîné une baisse des charges externes de 1 264 000 euros. Casas a également diminué ses provisions de 300 000 euros. Voilà qui démontre, une fois encore, que moins il y a de corridas, moins il y a de pertes, ce qui ne manque pas d’intérêt. La seule chose qui ne baisse pas, en revanche, c’est la masse salariale versée en grande partie à Simon Casas, en tant que dirigeant de sa société.
Ce n’est pas tout : sur l’exercice 2013, une provision pour risques a été comptabilisée à hauteur de 564 000 €. Elle se décompose comme suit :
- 551 000 € correspondent au désormais traditionnel différentiel de TVA pratiqué par Casas sur 2013. En trois ans, la société a donc détourné – pardon, provisionné – au total 1 428 000 € de TVA. On comprend que Bercy perde patience.
- 13 000 € correspondent à un redressement par l’administration fiscale sur la corrida «de bienfaisance» organisée par Casa en Haïti en 2010.
Oui, vous avez bien lu : pendant que Casas se faisait passer pour le bon samaritain qui organisait une corrida afin de venir en aide aux petits enfants d’Haïti victimes du tremblement de terre, il en profitait au passage pour gruger le fisc de 13 000 € de plus, à son profit, bien sûr.
On peut se demander si Casas ne voulait pas déposer ses comptes 2013 pour dissimuler le plus longtemps possible le presque million et demi d’euros de la note finale de TVA détournée ou le fait qu’il a tenté de se remplir illégalement un peu plus les poches sous couvert d’une œuvre caritative.
David Joly et Roger Lahana
Article également publié dans le Plus de l’Obs