Rodilhan, le 21 octobre 2018 : Manifestation pour l’arrêt des séances de tortures
Dès 9 h, nous avions rendez-vous sur le parking du gymnase de Rodilhan avec les militants qui arrivaient par petits groupes en voiture ou en mini bus. Certains, venant de loin, ont voyagé toute la nuit…
Dès notre arrivée, les gendarmes fouillent systématiquement le camion et nous confisquent les fumigènes et l’essence prévue pour le groupe électrogène. Sur place, tandis que des militants s’affairent à l’installation de la sono sur le camion, d’autres accueillent les arrivants. Et nous installons, entre les enceintes fichées sur des perches, la photo de Jean-Pierre Garrigues prise lors du briefing juste avant l’action de Rodilhan en 2011.
10h : Une grande partie des militants est arrivée et le briefing peut commencer.
Didier Bonnet, président du Crac Europe, après avoir évoqué rapidement, avec assurance et sincérité, la maladie dont il a souffert cet été, rend un hommage bref et très émouvant à Jean-Pierre Garrigues : Nous savons que Jean-Pierre aurait dit : « Pensez à moi mais, surtout, venez combattre pour les taureaux… » C’est à nous de poursuivre la route qu’il nous a ouverte !
Puis, sont donnés à tous des consignes et des précisions sur le déroulement de la journée.
10h30-11h : Le camion sono est opérationnel et nous pouvons former le cortège. Mais, les gendarmes nous annoncent : « Les hommes à gauche, les femmes à droite » et une fouille au corps minutieuse est menée à la sortie du parking, c’est nouveau !
Enfin le bruyant cortège aux sirènes retentissantes est prêt à déambuler jusqu’au centre du village au plus près des arènes. Quelques habitants nous observent, certains nous félicitent, mais les rues du village sont majoritairement vides ! Il faut dire que depuis 2011 les Rodilhanais sont pris chaque année en otage et en ont assez de cette situation. Ils aspirent, légitimement, à la tranquillité, ce qui leur est formellement interdit ce jour-là par leur maire Serge Reder qui, pour l’occasion, quadrille son village non seulement en y séquestrant ses habitants mais en en interdisant aussi l’entrée… Des difficultés pour apporter des soins infirmiers à certains malades ont même été évoquées !
Tout cela pour quoi ? Pour une réunion « en famille » où une poignée de spectateurs pervers entraîne sa progéniture dans les arènes de l’horreur où des taurillons sont torturés à mort par des apprentis tueurs. La barbarie est à son comble !
Et pour permettre cela un dispositif démesuré des forces de l’ordre a été déployé : près de 200 gendarmes, des motards sur motos tout-terrain, un camion anti-émeute ainsi qu’un hélicoptère qui a tourné au-dessus de nos têtes tout l’après-midi ! Un village en état de siège ! Tout ceci est-il bien sérieux ?
A peine arrivés non loin des arènes, à la limite du périmètre de sécurité, l’affrontement commence, très vite ! Quelques militants ont tenté de pousser les barrières et la riposte est instantanée, une pluie de grenades lacrymogènes s’abat sur nous.
Les militants chargent, les forces de l’ordre rétorquent avec une violence totalement disproportionnée ! Toute la journée, les militants tenteront de s’approcher des arènes et leurs assauts seront repoussés. Il y a des blessés de notre côté et la liste va s’allonger au cours de la journée. Certains partent aux urgences.
Tout ceci ne fait que renforcer la solidarité entre les militants et notre détermination !
Res Turner, chanteur de rap engagé dans la cause animale, et sa compagne sont à nos côtés dès le matin.
Puis Rémi Gaillard est venu nous rejoindre dans l’après-midi, il est effaré de ce qu’il voit… Il prend la parole en s’adressant directement aux forces de l’ordre dénonçant les violences policières sur des militants totalement pacifistes. Les gendarmes chargent à nouveau pour couper court à son discours…
Vous avez dit « démocratie » ?
Au micro, Didier Bonnet président du CRAC Europe annonce : « Nous avons pour habitude de demander aux militants de ne rien laisser derrière eux et de ramasser leurs déchets, vous ramasserez les vôtres… » C’est donc un vrai champ de bataille que nous avons quitté, le sol Rodilhanais était parsemé de traces de grenades lacrymogènes à notre départ.
18h30 : la manifestation est dissoute
Et, encore une fois, malgré notre forte mobilisation, des êtres sensibles ont été sacrifiés juste pour le plaisir d’une poignée de sadiques. Un hommage est rendu aux taureaux morts sous les coups de leurs bourreaux et la Marche Funèbre de Chopin retentit. Une pensée pour ces pauvres innocentes victimes lâchement assassinées par quelques individus qui font de la torture et de la mort un spectacle. Promesse leur est faite que nous continuerons à nous battre pour eux jusqu’à l’abolition de cette infamie.
Corrida Abolition!
Nous étions plus de 300 le matin et encore plus nombreux l’après-midi !
Nous remercions tous les militants qui ont agi en véritables guerriers (sans arme) pour la noble cause que nous défendons.
Bravo à vous tous d’avoir résisté des heures sous ce déluge de grenades lacrymogènes, parce que sans vous rien n’est possible, le nombre est notre force pour lutter contre cette insupportable pratique.
Nous remercions Res Turner qui a fait le déplacement ainsi que Rémi Gaillard qui nous a rejoint.
« Quand la tradition tue, il faut tuer la tradition »
L’équipe du CRAC Europe