A la suite de la décision du Tribunal administratif de Montpellier d’interdire à la ville de Pérols de sacrifier des animaux dans ses arènes – décision consécutive à la plainte déposée par le CRAC Europe – le maire continue néanmoins de prétendre à l’existence d’une tradition locale de tauromachie espagnole.
Jeudi 27 juin 2024 en soirée, un toréro est venu « affronter » un taureau au milieu d’un spectacle ne mettant en scène pratiquement que des chevaux.
Afin de s’assurer qu’aucun animal ne subirait d’actes de cruauté suivis ou pas d’une mise à mort, le CRAC Europe a mandaté un huissier. En outre, plusieurs militants de l’association étaient présents dans les gradins.

Dans des arènes aux 2/3 pleines max, le public – attiré principalement par des numéros équestres – a pu assister au spectacle laborieux et mou d’un matador (« tueur », en français) de taureaux s’ingéniant à des passes de capes face à un animal qui semblait se demander ce qu’il faisait là. Habitué à planter des épées entre les omoplates des animaux qui ont la malchance de croiser sa route, le matador en question semblait lui aussi se poser la même question. Sans doute s’est-il consolé en songeant qu’il agissait ainsi ce soir-là pour faire avance la cause qui lui tient à cœur : tuer publiquement des taureaux aux termes d’une douloureuse agonie provoquée par lui-même et ses acolytes.

C’est sans doute pour cette raison qu’il a désespérément appelé à venir en masse aux arènes péroliennes afin de soutenir le maire de la commune qui « joue le jeu » de la réintroduction de la corrida sur le sol pérolien.
Rappelons le, en juillet 2023 l’entrée était gratuite pour assister à un spectacle identique 100% capéa, soi-disant uniquement consacré à la tauromachie espagnole.
Le terme est fallacieux. Effectivement, sans actes de cruauté envers les animaux, accompagnés ou pas de mise à mort de ceux-ci, on ne peut parler véritablement de tauromachie espagnole. Nous avons noté que seules quelques centaines de personnes avaient fait le déplacement, parfois venant de loin pour donner l’illusion d’un intérêt quelconque des Péroliens pour ces sanglantes démonstrations.
A Pérols, la tradition c’est la bouvine pour une partie de la population. Ce n’est pas la corrida.
La prestation du matador (« tueur » en français, on ne le dis pas assez) a nécessité 15 minutes d’interruption de spectacle. En effet, il a fallu faire descendre le taureau du camion et le présenter face à la piste. Il s’est ensuivi des passes de capes face à un animal vif car stressé et qui a chuté à plusieurs reprises.
Le toréro, abondamment sollicité par l’animateur, a dû revenir sous les projecteurs pour un tour de piste afin de saluer une assistance visiblement pressée de retrouver un numéro nocturne avec des chevaux pour lequel elle avait fait le déplacement et payé son entrée.
Il va sans dire qu’une course camarguaise aurait certainement davantage plu à ce public non aficionado puisqu’elle aurait présenté un spectacle local plus dynamique aux sous-entendus moins morbide.
CM

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