EAUZE est contre la corrida
Les 31 manifestants venus, à l’appel de la FAA, pour demander la fin des corridas ont été rejoints par des habitants de la ville.
Ils étaient nombreux les élusates qui venaient porter leur témoignage dimanche 5 juillet auprès des militants abolitionnistes.
DE LA DIFFICULTÉ DE S’OPPOSER
Finalement ce doit être une large majorité d’habitants qui supporte bon an mal an une minorité prétentieuse assise sur sa notabilité…
C’est ce que rappelait un habitant d’Eauze « ils sont arrivés toute une équipe à la municipalité et ils ont imposé la corrida », il continuait en disant qu’il en avait « marre de voir s(m)es impôts payer le déficit de ces spectacles » et que « la population est en majorité contre »
Une population qui comme dans beaucoup de villes, abusivement appelées taurines par les aficionados, désapprouve le choix de ce spectacle de cruauté mais se tait.
Le silence… C’est bien ce à quoi la municipalité d’Eauze a voulu réduire les contestataires en mettant en place des dispositifs abusifs soit disant de sécurité.
C’est bien l’habitude de ce mundillo de parquer les mécontents, de museler les réticents soit par l’argent, soit par la force. C’est bien par la force que Bruno Blaya conseiller municipal délégué Sécurité et Vie Elusate, qui arborait abusivement le titre d’adjoint chargé de la sécurité, voulait restreindre les libertés d’opinion ce dimanche, appuyant fortement ses convictions personnelles dans l’autorité des forces de l’ordre… et, calife à la place du calife comme le caricatural Iznogoud, ministre prétentieux des BD, se substituait à la parole de Michel Gabas, déclarant « tout à l’heure vous parliez avec le maire, maintenant c’est avec moi et moi, ça sera… » mais épargnons-nous les poncifs de la tragi-comédie et posons nous la question de savoir pourquoi un aficionado aussi imbu, tant de sa personne que de sa « culture », a été nommé à un poste aussi délicat que celui de la sécurité et de la vie de la cité.
Rappelons-nous, sans extrapolations, que la police est détentrice de la seule violence légale.
Est-ce cela la démocratie ? Une espèce de confiscation de l’expression populaire à travers les arcanes du pouvoir ?
BILLETS GRATUITS À PROFUSION !
Et ils ont défilé les porteurs de billets gratuits, comme le contribuable est patient dans cette ville !
Ils ont défilé aussi ceux qui reçoivent ces billets, à cause de leur position privilégiée au service de la population, et qui les renvoient ou plus simplement les jettent à la poubelle, ceux qui sont venu exprimer leur désaccord avec une politique de promotion qu’ils qualifient d’outrancière, ceux qui s’insurgent de voir apparaître des organismes sociaux dans les regroupements d’aficion. On apprenait ainsi que la CAF avait acheté des billets pour la corrida. Il faudra s’informer pour savoir à quel titre, car les langues vont bon train… qui de croire que c’est pour offrir aux familles défavorisées, pour que les enfants de ces familles puissent avoir accès au spectacle ! Même si c’était un achat collectif pour bénéficier d’un prix réduit, c’est encore une fois l’illustration de la force de lobby de l’aficion et de sa capacité à assurer sa promotion, même (et surtout?) là où on ne la souhaite pas.
Rappelons-nous qu’en son temps le dessinateur Tignous avait été invité à Vic dans le callejon… Le mundillo ne doute de rien quitte à hurler « Au feu ! » quand il a lui-même enflammé l’indignation d’artistes, comme ce fut le cas pour Francis Cabrel, car dans son discours de réduction au silence des opposants revient sans cesse ce leitmotiv « s’ils n’aiment pas, ils ne viennent pas », qu’a parfaitement illustré Michel Espié, dans une déclaration télévisuelle pour Pentecotavic.
UNE MOTIVATION NÉCESSAIRE
Toutefois on peut se demander s’il est bien raisonnable pour une municipalité de faire tant de cadeaux alors que sa régie tauromachique enregistre année après année un déficit récurent.
Les discours abolitionnistes ,même s’ils ont été émaillés de slogans et même si quelques réponses ont fusées face aux provocations de quelques individus visiblement alcoolisés, ont d’abord prôné le réalisme face au poids budgétaire de cette journée.
Il a été rappelé aussi que la présence des forces de l’ordre est une constante que l’on attribue à tord aux seuls « anticorridas ». La compagnie de gendarmerie qui assurait le service d’ordre en était en effet à son troisième jour de présence.
Il faut arrêter de lier la prévention de trouble à l’ordre public à la seule contestation, au seul exercice de l’expression démocratique. Il faut arrêter l’emploi abusif, dans les arrêtés municipaux, de formules invitant la population à croire à la violence des « anticorridas » alors que les faits constatés disent exactement le contraire.
Il faut arrêter de parler d’ouverture aux revendications abolitionnistes quand on est soi-même vice-président de l’Union des Villes Taurines de France et que l’on a fait voter des augmentations budgétaires pour lutter contre le développement de la contestation de la corrida.
Enfin, le vieillissement et la perte de la « clientèle » n’est pas une excuse pour inviter les parents à garnir les gradins de leurs jeunes enfants. La confrontation à la violence, tant physique que psychologique au sein des spectacles taurins, a des résultats néfastes signalés par le Comité de protection de l’enfance de l’ONU . N’est-ce pas une des tâches d’une municipalité de préparer son avenir dans la sérénité, de donner à sa population un confort de vie, de protéger ceux qui demain assureront le développement de la cité, mais aussi d’assurer une prévention par une éducation à la sagesse, l’empathie et à la non-violence ?
C’était aussi le discours que portait Sylvie, qui malgré ses 14 jours de grève de la faim en faveur de l’interdiction des arènes aux enfants, était présente, comme l’était Marie, malgré une toute récente intervention chirurgicale.
Les militantes et les militants affichaient une motivation forte et écoutaient chaque témoignage, goûtant particulièrement les mots de Sacha, écoeuré après sa première expérience de corrida, car, comme le disait un de ses amis, à la fin « c’était à gerber ». La corrida perd sa jeunesse, elle est sourde et aveugle aux alertes du monde extérieur. Plus que jamais elle se barricade dans son château de sable ourlant de rouge sang l’or pâle de son manteau érodé. Son abolition a des parfums de liberté et d’humanisme.
Georges Nosella,
Collectif Gers Corrida Abolition en partenariat avec FAA
gers-corrida.jimdo.com
Pour tout contact : corrida.nani@gmail.com