Vegan Place, 26 mars 2016, Lyon
Compte-rendu de la Vegan Place samedi 26 mars 2016 à Lyon, organisée par L214.
Stand du Crac Europe pour la protection de l’Enfance.
Comme à chaque Vegan Place, le responsable des actions de L214 sur Lyon, Brian Mordasini fait le tour des associations quelques semaines avant, pour proposer de se joindre à cette formidable après-midi. De 13h à 18h, une fois toutes les 6 semaines s’élabore l’espace d’un instant la société telle que les amis des animaux la rêvent, la pensent, la font.
Nous tissons à chaque instant nos vies humaines sans que cela ne nuise (trop) aux animaux. Mais nous désirons faire plus, un peu plus. Cette fois, peut-être serons-nous vraiment entendus par une personne, une famille ? Quelle belle rencontre allons-nous faire cette fois ? Cette fois apprendrons-nous des choses, scoops animalistes ou végé-potins ; aurons-nous le plaisir de mieux connaître nos collègues des autres stands ? Serons-nous invectivés par des gens que notre compassion agace ?
L’après-midi commence merveilleusement bien : la chaleur printanière, le soleil, la bonne humeur, les gens tout de suite, l’effervescence immédiatement : un samedi après-midi au centre historique de Lyon, place de la République, vers Bellecour.
Et s’enchaînent les rencontres, les dialogues… Nous luttons contre cette exploitation animale qui a la particularité de ne se « justifier » par rien, sauf la perversité. Avec ma collègue Sandrine nous préparons en priorité les tracts sur les écoles de corrida où l’on voit un enfant de 5 ans massacrer un bébé veau et un enfant de 4 ans poignarder un agneau.
Oui cela existe.
Oui en France.
Oui payé par nos impôts.
Non ce n’est pas exceptionnel.
C’est illégal MAIS dépénalisé, en France en 2016, oui.
Est-ce bien ? Non.
Faut-il y mettre fin ? Oui.
Puis à côté de la pétition que nous proposons, je glisse toujours la carte de la nouvelle boutique Un Monde Vegan, à Lyon !
Certains sont intéressés, questionnés, bousculés par le tract, d’autre par la carte ou par les deux. En général ils prennent tout. Plus un seul tract sur l’Enfance en danger à la fin de la journée, ni une seule carte pour les alternatives véganes.
Du coup nous passons aux tracts sur les chevaux, massacrés dans les corridas, et qui servent de pauvres boucliers aux tueurs sans courage des taureaux. Eh oui, les chevaux meurent dans les corridas. Et les taureaux sont affaiblis avant la corrida, qui n’est qu’un mensonge du début à la fin. Nous parlons aussi des détournements d’argent, du système mafieux qu’est la corrida en France.
Nous n’avons eu « que » deux personnes qui aiment la corrida, c’est-à-dire qui haïssent taureaux, chevaux, enfants, justice, démocratie, vie… Deux femmes mère et fille passent, je leur tend un tract avec un grand sourire, la mère me jette avec un regard un peu fixe :
« Mais moi, j’aime la corrida » Je garde le même sourire – il fait trop beau pour s’en laisser compter. « Ah, moi, je n’aime pas le massacre des animaux, le sang, la souffrance, la sous-France, bonne journée Madame ! » La dame cherche à discuter en insistant « Oui, mais moi » « Moi, moi MOI MOÂ MOÂÂÂ… » La fille commence à faire profil bas et tire sa mère par la manche, elle l’entraîne. En fait, cela fait du bien de les voir déguerpir. Il y aura toujours des pervers en France mais il ne doit pas être permis que leurs sales petites habitudes honteuses soient dépénalisées.
Le temps s’écoule : de beaux visages en belles rencontres. Et puis une petite virée pour admirer les gâteaux végans si bons ! Puis une famille passe, je tends le tract avec un grand sourire et le père me dit « Nous, on aime la corrida », la mère fuit mon regard, hâte le pas, les enfants regardent nos T-shirts bouche bée. Je tends le tract à la petite fille, la plus grande et répondant aimablement au père : « Petite, réfléchis par toi-même, est-ce bien ce que tu vois ? Est-ce cela que tu veux pour cet animal, qu’a-t-il fait ? Tu as le droit de refuser les corridas. Bonne journée, jeune fille » Elle prend ce tract, le père ne dit rien et la famille continue à marcher, la petite a droit à un dernier grand sourire de ma part. Parfois nous ne semons que des graines ; ferments de compréhension, levain de compassion. En espérant…
Je veux surtout garder en tête les visages graves, compatissants, souriants des superbes personnes qui nous ont signé des dizaines de pages de la pétition demandant l’abolition de cette torture à ciel ouvert, en attendant l’interdiction des mineurs à ces « spectacles ». Qui ont adhéré, ont acheté T-shirt, casquette, coupe-vent, fait un don ! Merci à vous, les taureaux ont besoin de vous.
Je donne le mot de la fin à une jeune étudiante à qui je parle des « écoles » de perversité, heu de corrida, payées par nos impôts où l’on apprend à d’innocents enfants comment tuer lentement, faire saigner, provoquer une hémorragie, sans tuer tout de suite pour faire durer la torture.
Elle s’est figée quand elle a compris. J’ai cru que je l’ennuyais et j’allais la laisser tranquille quand elle a dit en regardant en face par-dessus mon épaule « C’est inconcevable ».
Nathalie Dehan, déléguée du CRAC Europe (69)