Fréjus : une marche très applaudie
Bien que la feria ait été annulée en juillet, reportée en août, en semaine, en raison des attentats de Nice et d’un mort survenu lors du premier toro-piscine du 14 juillet, nous étions tout de même 68 militants motivés sur la place Formigé, sous la mairie, dès 14 h 30.
Dès le départ, c’est une marche très bruyante qui parcourt les rues. Nous sommes très applaudis par des passants et par des habitants, à leurs fenêtres. Seul un aficionado très courageux (oxymore) jette un œuf sur notre cortège, bien caché derrière ses volets. Arrivés devant les arènes, nous lançons quelques slogans et un rappel du retour et de la progression des taurins à Fréjus des trois dernières années. Un militant nous apprend qu’un élu de la municipalité lui aurait annoncé qu’il s’agissait de la dernière présence de taureaux à Fréjus (à confirmer…).
C’est alors que la mère du maire, qui avait participé à notre référendum et signé notre pétition « NON au retour des corridas à Fréjus », avec force encouragements, se joint à notre groupe. Une discussion intéressante s’installe avec elle.
Nous informons les passants se rendant aux arènes que, si le spectacle est prévu sans sang ni mise à mort, cela cautionne tout de même la corrida, en encourageant à applaudir les démonstrations de cinq jeunes apprentis toreros du Centre français de tauromachie. Plusieurs familles font demi-tour après nos explications.
La manifestation terminée à 18 heures, un bon nombre de militants vont se changer et se rendent aux arènes avec leur billet, comme tout spectateur lambda. C’est alors que, soupçonnés de vouloir troubler le spectacle et de générer un « trouble à l’ordre public », nous nous voyons stoppés par la police et par le responsable des arènes. Après avoir longuement insisté, nous obtenons une consolation : celle de laisser entrer deux militants (dont un photographe). Nous savons également que plusieurs autres de nos collègues ont pu entrer en observation dans les gradins.
Dès le premier taurillon, nous assistons à la sortie d’une vague de spectateurs dont nous avons pu relever plusieurs témoignages. Des taurillons affolés qui tombent à genoux, l’un d’entre eux beuglant de terreur tout au long de sa sortie, un autre, essoufflé, dont la langue pend en permanence, leurs yeux effarés… Autant de photos prises en gros plan par notre militant photographe et qui témoignent de maltraitance animale. En revanche : confirmation de banderilles sans pointes, comme le maire nous l’avait promis ! Plus tard, en partant, nous apercevons la structure gonflable Happycionado installée à l’intérieur de l’arène.
Peut-être que, très prochainement, nous pourrons laisser les Fréjusiens, dont 95 % sont opposés au retour des corridas, profiter tranquillement de leur jolie ville, à nouveau débarrassée de toute activité taurine…
Ghislaine Lecocq, déléguée CRAC Europe Alpes-Maritimes
10 août 2016