Corrida et PCI, petit cours de désintox
C’est donc officiel depuis le 1er juin 2015 et public depuis le 4 (date à laquelle nous avons reçu l’arrêt de la Cour d’appel), la corrida n’est plus inscrite à l’inventaire du PCI. Mieux, elle ne l’est plus depuis mai 2011, date approximative à laquelle toute trace concernant la corrida a été retirée du site du Ministère de la Culture, ce qui a rendu toute preuve de l’inscription impossible à obtenir durant les quatre années qui ont suivi, malgré les demandes répétées et la loi qui impose l’accès total et permanent de tout citoyen à tout document administratif. C’est le jugement qui a été rendu, dont on pourra lire les détails dans l’arrêt qui est désormais public.
Comme toujours en pareilles circonstances, il y a des personnes pour nier ou minimiser cette décision de justice extraordinaire. Il en existe deux sortes :
- les aficionados : pas très surprenant, ils viennent de perdre gros, ça ne leur fait pas plaisir du tout et quand ils n’aiment pas quelque chose, ils en nient tout simplement l’existence (j’y reviens plus bas).
- une petite frange de sceptiques parmi les anti-corrida eux-mêmes : soit ils n’arrivent pas à croire à une aussi bonne nouvelle tellement c’est énorme, soit ils n’arrivent pas à croire à quoi que ce soit qui ait un lien avec le CRAC Europe parce qu’ils ont diverses raisons de ne pas nous aimer (ce qui est un autre débat).
Petit cours de désintox pour ceux qui n’acceptent pas la réalité…
1 – Les aficionados
Un exemple typique est la position de Corentin Carpentier, président des jeunes aficionados nîmois. Ça donne ceci :
Remarquez qu’après avoir annoncé que tout ce que nous avons dit était un mensonge (attribué également à une association qui n’a rien à voir avec le CRAC Europe), il se contredit en confirmant que la Cour a conclu à l’abrogation de la corrida du PCI et en indiquant le vrai motif qui figure dans l’arrêt de justice : “La cour […] estime qu’à cette date-là la non publication de notre fiche d’inventaire constituait une abrogation implicite ». Il oublie (simple étourderie probablement) de préciser que cette non publication a duré quatre ans, pas seulement quelques semaines. C’est cette notion de durée de la disparition de tout document justificatif, bien trop longue pour être justifiée par des “problèmes techniques”, que la rapporteur a mise en avant. Le président de la Cour l’a suivie.
Que doit-on penser de ce courrier que le ministère a envoyé “il y a trois semaines” ? Même si son auteur est de bonne foi, il se trouve que le tribunal en a jugé autrement et c’est cette dernière décision qui s’impose.
Et enfin, après avoir dit que tout est faux, Carpentier conclut sur : “Le Conseil d’Etat le confirmera”. Ah bon ? Mais alors, si le Conseil d’Etat doit être saisi, c’est donc bien que la corrida a été désinscrite, sinon pourquoi serait-il utile de lui demander une confirmation ?
Un point très important de droit à mentionner ici : le fait d’aller au Conseil d’Etat n’est pas suspensif. Autrement dit, en attendant que cette haute instance dise éventuellement le contraire, la corrida reste bien retirée du PCI.
2 – Les antis sceptiques :
Certains nous ont demandé si nous avions bien la preuve formelle que c’était vrai. C’est exactement pour cette raison que nous avons attendu le 4 en début d’après-midi pour rendre publique la décision rendue le 1er : nous n’avons obtenu une copie de l’arrêt de la Cour d’appel qu’à ce moment-là.
D’autres ont carrément choisi de ne pas y croire parce que ça voulait dire une victoire pour le CRAC Europe, avec les arguments les plus surprenants. J’ai eu à réagir sur ceux qui suivent :
- “Si c’était si évident que ça, pourquoi ça n’a pas été abrogé plus tôt ?” Parce que c’est une chose de voir la faille et une autre d’en convaincre un tribunal – quatre ans de procédure, des centaines de pages d’arguments avancés par les uns contre les autres, non ça n’a pas été simple.
- “Le CRAC nous a déjà dit ça en 2013 et en 2014 et ce n’était pas vrai ». Si, c’était vrai. En effet, nous avons dit et répété que le fait de ne plus avoir la moindre trace de cette inscription devait signifier qu’elle n’existait plus. Mais il restait à le faire valider par une décision de justice. C’est désormais le cas depuis le 1er juin 2015.
- “La tauromachie n’a jamais été inscrite au PCI mais seulement sur une liste appelée inventaire du patrimoine ». Sur le site du PCI, cette nuance sibylline n’existe tout simplement pas. L’inscription au PCI signifie l’inscription à son inventaire. Et il faut croire que sa suppression n’a rien d’anecdotique puisqu’elle a nécessité quatre ans de procédures pour devenir effective.
- “Le Huffington Post n’est pas un média fiable” : allusion directe à mon article qui a été le premier publié dans la presse. S’agissant d’un des plus gros médias du monde diffusé en de multiples langues et en de multiples pays, le vrai sens de cette affirmation est, on l’a compris, “un article de quelqu’un du CRAC n’est pas fiable (même dans le Huffington) ». L’équipe éditoriale de la version française est d’une rigueur journalistique sans concession. J’ai d’ailleurs eu trois papiers refusés depuis que j’en suis un contributeur, parce qu’ils ne répondaient pas aux critères extrêmement exigeants qui sont requis pour y être publié. J’ai d’autant plus de plaisir d’en avoir eu quinze publiés et donc validés selon ces mêmes critères. De plus, la directrice du Huffington en France est Anne Sinclair, qui est procorrida et aurait pu facilement rejeter mon article, mais elle met son éthique journalistique au-dessus de ses goûts personnels. Ajoutons que depuis que cet article est sorti, l’AFP, qui a eu copie de l’arrêt du tribunal, a confirmé point pour point tout ce que nous avons annoncé, ainsi que France Info.
Vous pouvez désormais vérifier par vous-même la véracité de cette victoire historique puisque nous avons mis en ligne le texte intégral de l’arrêt du tribunal.
Laissons le dernier mot à notre président d’honneur, Henry-Jean Servat :
Roger Lahana
Vice-président du CRAC Europe