Jean-Pierre Garrigues relaxé à Bordeaux, la déroute du bâtonnier Dufranc
Jean-Pierre Garrigues a été relaxé le 26 avril au tribunal de Bordeaux pour un délit… qu’il n’a jamais commis. Il était poursuivi par le tristement célèbre bâtonnier Dufranc, aficionado notoire aux colères bien connues des prétoires, par ailleurs maire de La Brède (33). C’est ce même Dufranc qui traite à longueur d’audiences depuis des années les anti-corrida en général et le CRAC Europe en particulier de “terroristes” qui prennent “des braves gens en otages” et qui considèrent les aficionados comme “des cibles”. Son indécence est allée jusqu’à utiliser ces termes devant un tribunal sept jours à peine après la tuerie de Charlie Hebdo.
Sa fixation compulsive à l’encontre de la personne de Jean-Pierre Garrigues lui a fait faire un pas de trop dans le n’importe quoi. En dépit de l’absence totale de faits objectifs pour soutenir son obsession vindicative, il a en effet réussi à convaincre la procureure de Bordeaux de faire citer à comparaître le président du CRAC Europe pour l’organisation d’une manifestation anticorrida interdite dans sa commune le 21 juin 2014. Or, il s’agissait d’une action citoyenne à laquelle le CRAC Europe n’avait participé en rien. Mieux, Jean-Pierre Garrigues n’a jamais mis les pieds à La Brède de sa vie.
Dufranc a tenté d’étayer son accusation avec deux “preuves” qui sont rapidement apparues pour ce qu’elles étaient : du vent. Il a ainsi mis en avant que l’action citoyenne apparaissait sur le site du CRAC Europe – certes, mais comme beaucoup d’autres que nous relayons depuis plusieurs années en précisant explicitement que nous n’en sommes pas les organisateurs. Il a aussi fait une montagne du fait que des tracts du CRAC Europe avaient été retrouvés dans les boîtes aux lettres des habitants de La Brède – la belle affaire, nous imprimons plus de 100 000 tracts par an et ceux qui en prennent sur nos stands peuvent les distribuer sans avoir à nous en informer. Les quelques militants qui avaient été arrêtés et interrogés à l’époque des faits ont tous confirmé que le CRAC n’était pour rien dans cette action. Mais il en fallait plus pour arrêter Dufranc.
Lorsqu’il a transmis son dossier à Madame la procureure de Bordeaux, cette dernière a très vite pris la décision de le classer sans suite devant la faiblesse du dossier pénal et l’absence de caractérisation de l’infraction reprochée. Dufranc, pas content du tout, a alors fait pression sur la procureure pour que cette dernière poursuive quand même Jean-Pierre Garrigues, sans apporter pour autant le moindre élément nouveau au dossier qu’elle venait de considérer comme vide. Lorsque ce dernier a été convoqué par la gendarmerie dans le cadre de l’instruction, il a exprimé sa stupéfaction d’être mis en cause pour une manifestation sans aucun rapport avec le CRAC Europe ou lui-même.
L’audience s’est tenue le 18 mars 2016 à Bordeaux et le jugement a été rendu le 26 avril. Le juge a suivi point par point tous les arguments développés par Maître Thouy, sans exception, ce qui est rarissime :
- Tout d’abord, l’arrêté municipal du 16 juin 2014 qui interdisait la manifestation n’avait aucune valeur. En effet, le grand juriste qu’est Dufranc avait omis de le transmettre à la préfecture, ce qui est pourtant une obligation. Rien que ce fait aurait permis d’obtenir la relaxe de qui que ce soit ayant participé à cette manifestation.
- L’arrêté présentait une atteinte disproportionnée à la liberté de manifester, en définissant un périmètre d’exclusion qui englobait la totalité de la commune de La Brède, ce qui est illégal. Là encore, ce simple argument aurait fait relaxer qui que ce soit.
- Pour être en droit de poursuivre Jean-Pierre Garrigues, il aurait fallu que l’arrêté d’interdiction lui eût été transmis, ce qui n’a pas été le cas. Quand bien même il en aurait été notifié, cela n’aurait pas permis à Dufranc de poursuivre le CRAC Europe, mais seulement Jean-Pierre Garrigues – or seul ce dernier était poursuivi pour une action prétendument organisée par le CRAC Europe. Cette irrégularité flagrante aurait, elle aussi, suffi à faire relaxer à elle seule Jean-Pierre Garrigues.
- Sur le fond, tout démontre – y compris les copies d’écran du site du CRAC Europe fournies par Dufranc dans son dossier – que le CRAC Europe n’a jamais organisé cette manifestation citoyenne. Cela apparaît en toutes lettres sur le site, qui se contente de renvoyer vers un événement Facebook, événement qui ne cite à aucun moment le CRAC Europe de près ou de loin, à juste titre.
- Et finalement, aucun élément à charge apporté par Dufranc ni aucun interrogatoire de police des militants présents ou de Jean-Pierre Garrigues ne démontrent son implication à quelque niveau que ce soit dans l’organisation et le déroulement de cette action citoyenne.
Pour toutes ces raisons, le juge a prononcé la relaxe. Après une telle déroute, on attend avec curiosité de savoir si Dufranc – qui n’était pas présent – va faire le forcing pour que le Parquet fasse appel.
Roger Lahana
Vice-président du CRAC Europe