Le maire de Rodilhan (…) riait en disant qu’il allait faire une brocante à la fin du spectacle… , par Wendy
Nous étions ce jour là 95 militants anti-corrida qui allions manifester pacifiquement notre indignation face à un « spectacle » barbare et cruel qu’est celui de « Graines de Toreros », lors duquel des taurillons sont massacrés dans des souffrances atroces, ces animaux gémissent, appellent leur mère… agonisant sous les yeux d’hommes, de femmes et de nombreux enfants applaudissant ce « spectacle » misérable…
Nous sommes entrés et nous nous sommes installés sur les gradins. La musique a commencé. Nous étions tous inquiets et mal à l’aise dans cette pseudo ambiance de fête…
Un premier groupe de manifestants qui se trouvait dans les tribunes a soudainement brandi des banderoles criant « corrida abolition »… Pendant ce temps, d’autres manifestants sont descendu dans les arènes sautant des gradins pour aller s’enchaîner les uns aux autres au centre de l’arène pour former un cercle solidaire que nous pensions solide et indestructible, dans le but de pouvoir ce jour là empêcher un massacre d’animaux innocents et de surplus des veaux mais aussi éviter le traumatisme d’enfants face à toutes ces cruautés.
Les manifestants qui brandissaient les banderoles on été très vite agressés par des aficionados se trouvant dans les tribunes. Des hommes, des femmes se sont jetés sur eux, leur arrachant les panneaux, leur infligeant des gifles, des coups de poings, hommes, femmes, tous ces gens là frappaient, poussaient, arrachaient…
Un aficionado a essayé de faire passer une militante par-dessus la barrière alors que le mur mesure deux mètres environ. Il n’y est heureusement pas parvenu. A ce moment là, je filmais dans les gradins, j’ai entendu des insultes de la part du public tous âges confondus qui huait… insultaient… (“connards”, “dégagez de là”, “enculés”, “pouffiasses”… et j’en passe). Une telle haine, un tel climat est inimaginable. Car positionnée d’où j’étais c’est-à-dire tout en haut des gradins au dessus de l’entrée, je pouvais voir tout ce qui se passait … appréhender les évènements. J’ai vu mes amis attachés, inoffensifs et sans aucune défense au centre de l’arène… J’ai vu des hommes sortant de tous côtés et se dirigeant vers eux, regard haineux, en colère, poings serrés… et là j’ai eu très peur… Le souffle coupé, le cœur qui battait très vite et la nausée… J’ai eu peur que tout cela tourne au drame et c’est ce qui est arrivé.
Un aficionado a pris tout d’abord le jet d’eau très puissant pour éteindre les fumigènes que les militants avaient allumés. Quelques aficionados les leur arrachaient. Un aficionado a pris un fumigène et l’a volontairement placé entre les jambes d’un militant… Qui tout d’abord n’arrivait pas à le rejeter par derrière, mais y est parvenu ensuite heureusement…
J’ai vu des coups de poings donnés à des militant(e)s par un homme portant un jean et un blouson noir, que je pourrais reconnaître puisque tout d’abord je l’ai filmé et son visage ne s’effacera jamais de ma mémoire. Il fait partie des aficionados qui ont le plus donné de coups ce jour là. A savoir qu’aucun militant ne s’est rendu malgré tous les coups et humiliations qu’ils ont subis. C’était le maître mot de cette action qui se voulait pacifique jusqu’au bout : ne répondre à aucune agression. Mais malgré cela le lynchage a continué…
L’aficionado qui tenait le jet d’eau, aidé par trois autres aficionados qui tenaient un militant lui a placé le jet d’eau à même pas dix centimètres de la face, dans l’oreille sur la tête jusqu’à le sonner… Ce militant a aujourd’hui des séquelles physiques graves suite à cet acte de torture (il n’y a pas d’autre mot il s’agit d’une torture… voir vidéo)… L’homme au blouson noir et jean donnait des coups de pieds aux militants dans le dos, dans les côtes, qu’il s’agisse d’homme ou de femme, peu importait il frappait, continuant à faire le tour du cercle…
Les aficionados essayaient de sortir les manifestants par tous les moyens. Une militante a été agrippée par les cheveux et tirée alors qu’elle ne pouvait pas sortir du groupe puisqu’elle était enchaînée, il continuait tout de même à la tirer malgré tout (images en vidéo). Un aficionado avec une chemise blanche a ramassé du sable et le déversait sur la tête d’une militante, il a recommencé à plusieurs reprises (images en vidéo). Un effet de groupe s’est mis en place au niveau des taurins… Ils se sentaient forts, se motivaient les uns les autres… Une femme est descendue des gradins, essayant d’empêcher ces hommes de continuer leur barbarie… Un autre homme essayait de les retenir mais personne n’y parvenait, la haine était prédominante…
Je vois ensuite le maire de Rodilhan se rendre dans l’arène (vidéo) il se met à aider les taurins à tirer des manifestants pour les sortir des arènes… Pendant que dans les tribunes les pro-corridas huent, hurlent « liberté » !!!! Le poing serré et le pouce vers dirigé vers le bas comme dans les cirques à l’époque antique lorsque l’on mettait à mort le vaincu… J’avais l’impression d’être dans un monde de fous ! Jamais je n’avais vécu une telle violence… Même les personnes âgées criaient huaient ! Je n’en revenais pas. Le maire de Rodilhan aidant les autres taurins à sortir un groupe de militants, ils y sont parvenus et là devant lui deux autres hommes donnaient des coups de pieds à des manifestants déjà à terre, traînés… humiliés… Le maire ne disait rien, il laissait faire… (vidéo) Cela est intolérable car du début à la fin, aucun des organisateurs de ce « spectacle » n’a essayé d’arrêter le lynchage mais bien au contraire ont ri des évènements et n’ont fait que se moquer…
J’ai vu deux ou trois policiers dans l’arène, j’ai été choquée, voyant ces forces de l’ordre discuter les bras croisés quand devant eux, des hommes et des femmes se faisaient tabasser…Ils ne sont pas intervenus… (vidéo).
Un aficionado et d’autres ont craché sur des femmes à plusieurs reprises en les insultants. Un homme au blouson beige, les cheveux attachés a commencé à devenir très agressif, très insultant (connasse… ta gueule…), il faisait de grands gestes agressifs, criant contre les manifestants qui continuaient au-delà de toute cette violence à crier « abolition », « la torture n’est pas notre culture »… Les aficionados riaient, se moquaient… Une militante a été tirée, face contre terre par les pieds vers la sortie, elle tentait de s’agripper avec les mains… mais elle ne pouvait pas résister. Ils l’ont lâchée à côté de la porte de sortie et elle est vite repartie vers le centre du groupe pour se protéger des agresseurs… Mais derrière elle un aficionado a couru, l’a rattrapé pour la projeter d’une force terrible contre le sol (vidéo). L’homme au blouson beige donnait des coups de poings, des gifles, des coups de pieds (vidéo). Juste à côté de lui à ce moment là, l’homme au blouson noir attrape la chaîne d’une militante qui est à terre, il se trouve à ce moment là derrière elle, et lui passe violemment cette chaîne autour du cou pour immédiatement la traîner, l’étranglant… (vidéo)… Voyant la scène, une autre militante s’approche pour aider sa camarade à se relever et l’homme au blouson noir lui met un violent coup de poing en pleine face (vidéo). Il continue ensuite à donner des gifles et coups de poings…Une militante a eu son vêtement arraché par l’homme en beige cheveux attachés, il revient ensuite vers elle et vient lui arracher sont soutien gorge (vidéo d’un autre militant, mais je l’ai vu, il lui touche avec une main la poitrine).
Je vois un enfant tenant la main de son père dans le centre des arènes… Cet enfant comme tant d’autres présents ce jour là assistait à tout cela, au milieu des cris, des humiliations, des pleurs, de toute cette souffrance, je n’ai vu aucun parent, aucune mère prendre son enfant et le sortir de là !!! Mais quelle honte !!! Comment cela est-ce possible, j’ai une petite fille de quatre ans et je ne peux concevoir qu’un jour elle vive un tel drame !!!
Des aficionados repentis témoignent aujourd’hui de ce qu’ils ont vécu, ces personnes ont été traumatisées à vie, ce sont tout d’abord des enfants que l’on a amené dans des arènes touts petits, qui ont grandi dans cette ambiance, dans cette violence et ce non respect de la vie et de la dignité animale… Ils sont nombreux, beaucoup n’osent pas se faire connaître de la honte, du remords qui les ronge chaque jour…
Un homme avec un blouson kaki donnait des coups de pieds aux groupes de militants sortants, tirés, traînés par les chaînes, par les pieds, par les cheveux… Un homme avec une chemise rouge frappait également… J’ai vu une femme au milieu de la cohue donner des gifles à un manifestant…
Ce jour là le caméraman de France 3 qui était présent pour son travail d’information a été frappé et mis à terre par un aficionado. Sous mes yeux, juste à mes pieds, j’ai filmé cet acte visible sur ma vidéo en gros plan…Nous n’avons jamais vu cela en France, un journaliste de la presse tabassé !!! Qui est sorti des arènes pour ne plus y entrer !!!Nous sommes en France ! Mais que se passe t’il ! Quelle est cette folie ?
Un homme vers la fin des hostilités (vidéo) ramasse un caméscope gris et se rend vers le bord de l’arène. Ce jour là quelques caméscope, appareils photos, cartes d’identités, bijoux, casquettes etc ont été arrachés aux manifestants, des appareils cassés volontairement à coups de pieds écrasés au sol… Personne n’a pu récupérer son matériel, affaires personnelles ou ses papiers d’identité, ce caméscope gris appartenant à un militant, est le seul objet qui ait été filmé au sol puis filmé ramassé par un aficionados.
Au bout de 35 minutes de calvaire, tous les militants étaient jetés dehors, blessés, certains gravement… (Des photos des blessures sont disponibles). Les gendarmes sont arrivés à ce moment là. Ils avaient pourtant été prévenus dès le début de la manifestation… Et là ils n’ont rien fait de plus que laisser continuer le cours du spectacle alors qu’au micro, le maire de Rodilhan a annoncé en riant qu’il avait récupéré : un soutien gorge, des habits, une caméra vidéo… et riait en disant qu’il allait faire une brocante à la fin du spectacle… Les gendarmes constatant les blessures apparentes des militants, entendant les témoignages, les pleurs… Je ne comprends pas que la corrida ai eu lieu malgré tout et que cette mascarade n’ai pas été annulée, stoppée par les forces de l’ordre pour enquêter immédiatement et interpeller les coupables.
J’ai pensé juste après ce massacre qu’heureusement les agresseurs n’avaient pas eu d’armes en leur possession car je pense qu’ils n’auraient pas hésité à s’en servir.
La question est : Comment peut-on accepter que la corrida fasse partie du patrimoine culturel de la France ? Dirigée par des hommes prêts à tout pour tuer ? Capables de lyncher, d’insulter, de torturer des êtres humains et d’en rire ? De torturer des animaux innocents d’applaudir devant toute cette souffrance ? Comment peut on accepter que les arènes soient ouvertes aux enfants à qui l’on interdit certains films télévisés sous prétexte qu’il y a quelques scènes violentes alors que l’on est capable d’accepter de leur livrer un spectacle de barbarie organisé par des pervers violents capables de torturer des animaux mais également des êtres humains ? Comment peut on accepter des écoles dans lesquelles on apprend à des enfants à tuer des animaux sans défense et cela financé par nos propres deniers nous les contribuables ? Quand étudie les sondages en France il est clair que la grande majorité de la population est pour l’abolition de la corrida qui ne satisfait qu’une petite poignée d’aficionados qui essaie de maintenir cette barbarie par tous les moyens se servant de tous les alibis possibles et inimaginables… Non… c’est inacceptable Monsieur le Procureur, comme il est inacceptable que les tortionnaires du 8 octobre dernier restent libres sans être punis pour leurs actes. Je suis prête à témoigner et me tiens à la disposition de la justice pour cela.
En vous remerciant pour l’attention que vous avez accordée à ma déclaration, je vous prie de bien vouloir accepter, Monsieur le Procureur, l’expression de ma plus haute considération.
Wendy