Il y a quelques années, l’aficion en mal de reconnaissance et désireuse d’inscrire sa pratique dans l’Histoire de l’humanité s’est accaparé La Salle des Taureaux de la grotte de Lascaux, voyant dans les peintures rupestres des scènes de corrida.
Hélas, anthropologues et paléontologues se sont dressés face à ces hallucinations et c’est d’une seule et même voix qu’ils ont dénoncé cette falsification de l’Histoire de l’homme et de l’animal. Pour clore définitivement cette fumisterie, la ville de Montignac – où se situe la grotte de Lascaux – s’est déclarée ville anticorrida.

Parallèlement, le petit monde de la tauromachie espagnole s’est décrété « artiste ».
En toute logique, certaines arènes se sont donc auto-appliqué le taux de TVA prévu pour les spectacles vivants reconnus par le ministère de la Culture, à savoir 5,5 %.
Deuxième hélas ! ledit ministère a été sans ambiguïté : il ne reconnait pas la corrida en tant que pratique culturelle et le taux de TVA à appliquer est donc de 20 %.
Le CRAC Europe, en alerte sur ce dossier, avait été à l’origine d’un redressement fiscal envers certains organisateurs grâce à l’appui du député Jean-Louis Gagnaire, alors président de la commission des finances à l’Assemblée nationale.

Plus récemment, c’est un « comédien » aficionado qui s’est emparé du mythe du Minotaure pour commettre un texte à la gloire de la mortification du peuple bovin.
Troisième hélas ! le Minotaure, créature mi-homme mi-taureau enfermée dans un labyrinthe, symbolise les amours adultères. De là vient l’expression « porter des cornes ».
Toujours pas de corrida à l’horizon.
La cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques 2024, chargée d’allégories, a – entre autres – mis en scène une tête de taureau. Il n’en fallait pas plus au petit monde tauromaniaque pour y lire, sans une once de recul, de hauteur de vue ou tout simplement de bon sens, un éloge de la tauromachie espagnole. A deux doigts de déclarer la corrida discipline olympique.

Quatrième hélas ! il s’agit du mythe du Veau d’or présent dans la Bible qui traite du phénomène d’idolâtrie et du culte de l’argent. Un comble pour une pratique qui élève certains de ses toreros au rang de dieu, lesquels demandent des cachets faramineux pour se produire.
Un rectificatif du CRAC Europe pour dénoncer cette récupération aussi loufoque qu’inepte a valu un déluge de commentaires tous plus orduriers les uns que les autres.
Il reste en substance que la corrida s’est vue refoulée de la Préhistoire, de la Culture et du domaine sportif – le ministère des Sports refusant toujours de la reconnaitre.

Cette errance qui conduit à se réclamer de tout ne signe que le fait que l’on ne représente rien.

Rien sinon ce dont personne ne veut.

CM

(1) : Référence à l’essai philosophique L’Etre et Le Néant de Jean-Paul Sartre, auteur qui a fustigé la corrida.

 

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