Lorsque j’ai écrit il y a quelques semaines un article dans le Huffington Post qui prédisait la disparition prochaine des corridas en Espagne et en France et qui en analysait les raisons, cela m’a valu des réactions parfois vives de certains aficionados qui remettaient en cause presque tout ce que je décrivais.

Aussi, il m’est agréable de reproduire ici les propos officiels du Club Taurin de Paris, peu suspect de vouloir apporter de l’eau à mon moulin mais qui, pourtant, reprend quasiment mot pour mot (passages en gras ci-dessous) et à peu près dans le même ordre les différents points que j’avais abordés dans mon article. Nous sommes d’accord sur tout : non seulement le constat de la désaffection des corridas mais aussi ses raisons.

Paris, le 29 mars 2013

Chers amis

Dans l’analyse que nous faisons tous de la situation actuelle de la corrida et de l’indéniable baisse de fréquentation des spectacles taurins des deux côtés des Pyrénées, il y a divers éléments évidents : la crise économique, encore plus terrible en Espagne qu’en France, les campagnes antitaurines, l’évolution sociologique des loisirs, la nouvelle morale « animaliste » ignorante de la vraie nature des animaux, le manque de caste des taureaux, etc.

Mais le symptôme peut-être le plus inquiétant est l’élévation de la moyenne d’âge des spectateurs. C’est un fait : les jeunes fréquentent peu les arènes, et ceci est encore plus vrai en Espagne qu’en France. A quoi est dû cette désaffection, qui se manifeste souvent par de l’hostilité déclarée, au mieux par de l’indifférence ?

Oui, vous ne rêvez pas, c’est le bureau d’un club taurin qui reconnait tout cela publiquement : « l’indéniable baisse de fréquentation des spectacles taurins des deux côtés des Pyrénées », les aspects économiques liés à la crise, les actions anti-corrida qui se multiplient et font réaliser à un nombre croissant de gens la barbarie effroyable qui se joue dans les arènes, la ringardisation de la corrida en tant que loisir où les gens connus ne veulent plus se montrer et la prise de conscience de la condition animale (ce qui est décrit par le Club Taurin à juste titre comme une nouvelle morale mais qu’il juge à tort être ignorante de la vraie nature des animaux, à savoir la réalité des souffrances qu’ils endurent de notre part).

Je leur laisse « le manque de caste des taureaux », charabia indigeste pour dire qu’ils déplorent que ces ruminants herbivores ne seraient finalement pas des fauves, comme le serine leur communication malsaine qui tente de donner un air de noblesse à ce qui n’est que lâcheté et torture.

Et je me réjouis à nouveau de ce qui inquiète le plus ces pervers dépités : le vieillissement inexorable de leurs troupes en voie d’extinction, certainement pas assez rapide à notre goût puisqu’en attendant, tant que des subventions maintiennent à coups de centaines de millions d’euros ces malades sous perfusion, des milliers de taureaux continuent à être suppliciés de façon ignoble.

Nous allons donc accentuer encore plus ce sur quoi nous avons le contrôle : nos actions pour contrer leurs tentatives de propagande et perturber la tenue de leurs séances de torture, encore et toujours.

Aussi, retrouvons-nous tous à Alès les 11 et 12 mai prochains.

Retrouvez l’article sur le blog d’Anna Galore.

illustration : Photo des arènes quasiment vides vue dans la presse espagnole

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