Rieumes vacille, à nous de pousser
Depuis l’annonce de notre manifestation anticorrida à Rieumes le 28 juin 2015, la pression a considérablement augmenté dans ce village, seule commune de Haute-Garonne qui s’entête à organiser des corridas alors que l’ensemble de ce département a rejeté depuis longtemps ces spectacles infâmes.
Pour la féria qui aura lieu autour du weekend du 28 juin, les commerçants ont prévu de déployer leurs stands le plus loin possible de là où se trouve l’arène, pour bien montrer leur hostilité. Même le boucher est remonté contre le club taurin, du fait que ce dernier ne l’a toujours pas payé pour la fourniture de nombreux repas lors de la corrida de l’an dernier. Quant au club de rugby local, il a fait savoir haut et fort qu’il était contre le maintien des corridas à Rieumes. Une fois de plus, cela montre à quel point notre slogan “Feria oui, corrida non” a du sens. Les fêtes locales ne veulent plus des corridas, qui ne leur apportent que des problèmes et une réputation d’arriérés.
Il semblerait que Madame la maire soit très sensible à la question de l’enfance et qu’elle a été particulièrement gênée l’an dernier de voir que des enfants étaient installés en première ligne au bord de l’arène. Hé bien, Madame, soyez cohérente : interdisez l’entrée des corridas aux mineurs sur votre commune, en attendant d’interdire les corridas tout court. Car supprimer les corridas à Rieumes, vous en avez le pouvoir : c’est ce qu’ont déjà fait un certain nombre de maires d’autres communes autrefois de sang, qui ont ainsi rejoint le reste de la civilisation.
Madame la maire, vous avez la réputation d’être une femme politique avisée. Une large majorité de vos électeurs rejettent cette horreur, alors pourquoi la protégez-vous encore ? Depuis le 1er juin 2015, on sait que la corrida n’a plus aucun alibi culturel puisque son inscription au patrimoine culturel immatériel français a été abrogée avec un effet rétroactif à mai 2011. Rien ne justifie plus sa présence dans les fêtes traditionnelles des communes françaises. La corrida est, de plus, massivement rejetée par les Français dans leur ensemble (les trois-quarts des Français souhaitent sa disparition).
La corrida est vouée à disparaître, les aficionados le reconnaissent ouvertement. Toutes les autres communes autour de Toulouse qui ont été contactées par des clubs taurins pour en organiser (Fenouillet, Castanet-Tolosan, etc.) ont refusé, de crainte que cela ne leur apporte que des problèmes – à commencer par des manifestations anticorrida.
Du côté des renseignements territoriaux (RT), c’est la panique. Jamais ils n’ont eu à gérer une manifestation de cette taille dans une commune aussi petite (environ 3000 habitants pour une arène de 3000 places qui reste très largement vide). Selon des sources proches de la mairie, la municipalité envisagerait de payer sur son budget les mesures de sécurité envisagées. Environ 260 gendarmes seront mobilisés, pour un coût de 30000 euros. L’association rieumoise pour l’abolition de la corrida (ARAC) s’est fait un plaisir de faire diffuser cette information aux contribuables de la commune, qui savent désormais à quoi va servir une partie de leurs impôts locaux. Que vont-ils penser en voyant leur paisible village transformé en camp retranché pour protéger un spectacle barbare dont plus personne ne veut ?
Par ailleurs, le club taurin est extrêmement fragilisé d’un point de vue financier. Il a déclaré dans une interview que la corrida annuelle coûtait 180000 euros, dont 0,5% de subventions municipales. Le club taurin “oublie” les autres subventions qu’il reçoit d’autres sources et qui sont bien plus importantes. David Joly, trésorier du CRAC Europe, a réalisé une enquête approfondie sur ce sujet dont on pourra lire les résultats édifiants en téléchargeant son rapport complet sur le site du CRAC Europe.
La corrida à Rieumes vacille, à nous de pousser pour la faire définitivement tomber hors de la Haute-Garonne.
Roger Lahana
Vice-président du CRAC Europe