une correspondante du CRAC écrit à la professeure d’Allauch
Le devoir d’un(e) pédagogue est de transmettre un savoir, des connaissances, d’inculquer aux jeunes qui lui sont confiés des valeurs morales, qui feront d’eux des hommes et des femmes dignes, prêts à se lancer dans la vie et à apporter leur petite pierre à la construction d’un monde nouveau et meilleur !
Or, ce n’est pas dans les arènes, hauts-lieux d’exécutions sordides, que les jeunes, en l’occurrence vos élèves, respireront un air pur et vivifiant ! Vous les avez emmenés à la découverte d’une manade, antichambre de la mort, puis dans les arènes d’Istres.
Ils y ont rencontré un aficionado, Georges Yvon, « bible tauromachique » et assisté à une faena de muleta (non non, ce n’est pas du prosélytisme !). Vous leur avez sans aucun doute expliqué la corrida telle que vous, aficionada, la voyez et ressentez : solennel, haut en couleur, lumineuse, artistique, esthétique, liturgique. Vous avez encore expliqué le combat entre un fauve tueur et un torero héroïque qui joue sa vie (1 accident mortel pour 38’000 taureaux torturés à mort, cf La corrida, que sais-je, Elisabeth Hardouin Fugier ). Voilà le visage trompeur de la corrida, le mensonge perpétuel !
Mais leur avez-vous parlé de la face cachée et ignoble de la corrida ? de la souffrance indicible infligée au taureau déjà atteint dans on intégrité physique et psychique avant d’être poussé violemment sur la piste de danse macabre ? Leur avez-vous parlé de la pique qui cisaille les muscles releveurs de la tête et qui vrille dans la plaie béante ? des banderilles, harpons décorés de papier coloré, qui sont violemment fichées dans le corps de la victime saignant abondamment et s’affaiblissant de plus en plus ? de l’épée qui est censée tuer le taureau, déjà mutilé de toutes parts, d’un seul coup ? ( c’est rare !) Et de la dague qui va le décérébrer alors qu’il gît dans des flaques de sang et tente désespérément de se redresser encore dans les dernier spasmes de sa longue agonie ? Leur avez-vous parlé des meuglements plaintifs d’angoisse et de douleur que le taureau émet quand, acculé, il veut échapper des mains de ses tortionnaires ?
Est-ce là la culture hispanique ? Est-ce là la culture des peuples du Sud dont la grande majorité abhorre la corrida ? Une “tradition” qui avilit l’homme et porte atteinte au cœur des civilisations doit être abolie. Le peuple espagnol en a pris conscience, la corrida est destinée à disparaître des sociétés évoluées !
Simon Casas, ex-torero qui a plus de 2000 victimes à son actif, aurait pu vous aider en expliquant encore mieux “l’essence même” d’une corrida :
« Le taureau est né pour aimer, faire l’amour au taureau, c’est sûr, c’est impudique, c’est beau, il vient vers vous, pas pour vous tuer, mais pour vous aimer, la muleta tirée sur le sable comme une langue qui inviterait pour un profond baiser, le spectateur se fait voyeur, c’est à un coït que l’on assiste, à Bayonne la corrida est vaginale, se termine par un orgasme collectif ! » (cf. Taches d’encre et de sang, Simon Casas, édition Au Diable Vauvert ) Propos d’un homme dépravé, sadique !)
Marie Sara, torera abominable, parle de la corrida comme d’un jeu de caresses : « je caresse le taureau, la pique c’est la pénétration, ai-je besoin de faire un dessin ? c’est une relation d’amour que je vis avec lui, je n’ai pas assez de force dans le poignet pour le mettre à mort, d’ailleurs je n’aime pas tuer les animaux ! » ( cf. émission sur France Culture le 2 février 2004 ) Propos d’une femme perverse, écervelée !
Avez-vous expliqué à vos élèves ce qu’il se passe dans les écoles tauromachiques ? Sous l’égide d’un torero, nos enfants, de 7 à 16 ans, en pleine construction affective et intellectuelle, s’exercent sans état d’âme sur « du matériel » vivant et sensible : petits veaux, vachettes, taurillons. Ils les torturent et les tuent à l’arme blanche ! On les appelle « graines de toreros » … C’est un scandale, un crime contre l’enfance innocente !
Avez-vous pris connaissance de ce qui suit ?
La directive du 12 fév 2008 du Chef de Cabinet du Ministère de l’Education Nationale est très claire :
“il n’est pas dans le rôle de l’éducation nationale d’assurer la promotion de la corrida auprès des enfants. C’est pourquoi je vous remercie de vous assurer que que les opérations menées dans les établissements scolaires autour de la corrida soient exemptes de tout prosélytisme et qu’elles puissent réunir les différentes associations œuvrant dans ce champ.”
Au vu de ce qui précède, vous feriez bien de ne plus renouveler cette “expérience tauromachique” avec vos élèves. La France, pays des Lumières et de la raison éclairée de l’homme a autre chose à offrir que des “spectacles” sanglants, vicieux, où la violence et la cruauté infligées à des êtres sensibles, sont poussés à l’extrême !
Je vous remercie de m’avoir lue et vous prie d’agréer, Madame Jenifer Julien, mes salutations attristées et indignées.
Irène Noël
Professeure retraitée
déléguée du CRAC Europe pour la Suisse