Action anti-corrida à Belfort
Le 4 juillet 2015, nous avons installé le stand un peu avant 14 h à l’ombre des marronniers, le long de la Savoureuse et les jets d’eau nous ont apporté un peu de fraîcheur. Il régnait à Belfort une chaleur étouffante, la température étant proche des 40 degrés dans l’après-midi. Mais les militants sont braves et sont prêts à supporter des conditions climatiques difficiles qui pour eux sont bien peu de choses comparativement aux souffrances infligées aux taureaux.
Les murs du théâtre Granit nous ont offert un lieu ombragé sur lequel nous avons installé le décor du happening : un tissu couleur sable, des bougies rouges tout autour, des banderilles au centre, cérémonie mortuaire pour rendre hommage aux taurillons de Vauvert, notamment aux six qui devaient être torturés le 4 juillet à 17 h 30. Comme nous ne connaissions pas leur prénom, nous leur avons donné ceux des militants. CInq d’entre eux devenus « taureaux » pour la circonstance se sont placés autour du tissu beige, déployant les banderoles, dont la nouvelle qui représente la délégation de Franche-Comté : « Ensemble, boutons la peste rouge hors de France ! Corrida abolition ! » tandis que trois équipes partaient vers différents points de la ville pour distribuer les tracts et faire signer le manifeste du CRAC Europe. Aux alentours de 15 h 30 les militants se sont allongés et j’ai présenté les tercios en reprenant le texte publié sur le site. Pendant ce laps de temps nous avons pu apercevoir, garée très discrètement sur le côté, la voiture de la police municipale….
Malgré le festival des Eurockéennes, qui attire des milliers de passionnés à Belfort, nous n’avons pas rencontré foule, en ville, l’écrasante chaleur retenant par ailleurs la population locale chez elle.
Nous avons tout de même réussi à obtenir 375 signatures et il convient de s’attarder sur les réactions des passants.
Un couple accompagné de deux enfants a refusé le tract que je leur tendais. Le mari m’a fait remarquer que sa priorité était de se battre pour sa famille et qu’il y avait de plus importants problèmes dans le monde que celui de la corrida, exemples à l’appui puisés dans l’humanitaire. Je lui ai demandé qu’il me donne les coordonnées de l’association dont il était membre et que je ferais volontiers un don. Il n’a su que répondre puisqu’il n’avait rien à répondre. Mais nous rencontrons tous, systématiquement, ce genre de réaction. Situation devenue banale.
Au bord de la Savoureuse des petits groupes de tous âges venus s’installer sur le muret tout au long de l’après-midi ont pour la plupart bien accueilli les militants qui engageaient le dialogue avec eux, et leur demandaient une signature. J’ai discuté avec quelques jeunes qui n’avaient pas d’opinion, se moquaient totalement de la corrida ou encore « aimaient ça » mais sans savoir expliquer pourquoi. En revanche, deux adultes italiens, totalement anti-corrida, en ont évoqué l’horreur, la souffrance des chevaux, la présence inconcevable des enfants dans les arènes et les conséquences psychologiques. Ce sont les seules personnes qui spontanément m’ont parlé du problème des mineurs , et de l’existence des écoles de tauromachie, visiblement bouleversées.
Comme nous savions que la population du sud allait se déplacer pour le festival, nous nous attendions à rencontrer des pro-corrida et, chose incroyable, Alexandra et Eliane en tractant se sont retrouvées face à un torero. « On peut pas être copains, on est torero de père en fils ! » Provocation ou vérité, on ne le saura jamais. Elles ont eu droit aux réflexions du style : « j’aime bien ça », « on s’en fou, on n’est pas du Sud », « on est pro-corrida » « j’aime la viande » elles ont d’ailleurs remarqué plusieurs groupes de pro dont un qui s’est approché pendant que je présentais les tercios et qui ont cherché querelle aux militants présents. Alexandra leur a fait remarquer « qu’ils pouvaient parler tant qu’ils voulaient, qu’on allait en finir avec la corrida ». Elle leur a rappelé l’annulation récente de celle programmée à Rodilhan et notre détermination à tous de nous battre plus que jamais. Ils se sont éloignés sous les huées. Et je ne me suis pas privée de les maudire avec l’aide du mégaphone.
Carole et Martine de leur côté ont également entendu le même genre de commentaires négatifs : « nous on aime ça la corrida, c’est beau la corrida, on vient d’Espagne alors !!! » ou bien « on part en Espagne pour les vacances » Puis il y eu les âmes sensibles : « c’est bien ce que vous faites, je signe volontiers parce que je n’aime pas qu’on fasse souffrir les animaux, c’est vraiment n’importe quoi, c’est horrible ces corridas.
Enfin il y avait les catégories sans avis particulier, qui n’y avaient jamais pensé mais qui, après des explications finissaient par signer, puis ceux qui disaient être contre mais qui ne voulaient pas signer pour ne pas donner leur nom ou leurs coordonnées.
Nous avons eu de belles rencontres, beaucoup de jeunes très sensibilisés à la souffrance animale. Des gens de Haute-Savoie qui se battent aussi contre la tauromachie.
Le patron et les serveurs du Café du Théâtre nous ont offert des bouteilles d’eau fraîche, ont accepté des tracts, et ont pris du temps pour nous écouter et dialoguer.
Je tiens à remercier tous les militants grâce auxquels j’ai pu mener à bien cette action. Ma fidèle équipe : Alexandra, Carole, Elodie, Eliane, Lorenzo, Maud, Martine, les militants de l’association Animalsace qui se sont joints à nous avec beaucoup de sympathie : Rémy, Joanna, Geoffrey, Romain, les nouveaux venus : Robert, Laura et Amandine.
Un merci tout particulier à nos deux plus jeunes : Amandine et Lorenzo qui se sont investis avec beaucoup de cœur dans cette action. La relève est assurée au CRAC Europe avec une jeunesse de plus en plus nombreuse dans nos rangs.
Chantal GIROT
Déléguée Régionale du CRAC EUROPE pour la Franche-Comté.