Manduel, la cruelle – 22 avril 2018
Voilà, c’est fini, les deux demi-finales du Grand Bolsín taurin de cette 4e édition, organisées par Nîmes Métropole, se sont achevées à 11 heures et à 16 heures.
Le bolsín est un apprentissage de la corrida, ou « comment apprendre à tuer » des taurillons à des jeunes de 16 à 21 ans. Un événement qui permet donc de déceler les potentielles futures « stars » de la tauromachie et de faire miroiter à cette jeunesse un avenir prometteur, voire, si l’on est beaucoup plus réaliste, de futurs chômeurs. Cela dépend du point de vue où l’on se place…
Dans tous les cas, une chose était sûre, ce jour-là, nous, les anticorrida, étions bien décidés à leur pourrir la vie, et surtout à gâcher leurs festivités. Force est de constater que notre objectif fut atteint et la mission réussie !
Sur le pied de guerre dès 9 h 30, nous avions rendez-vous sur la place des Alouettes, à 2 km des arènes. Le temps des derniers préparatifs et réglages du camion-sono, des journalistes sont venus nous interviewer avec l’intention de nous suivre une bonne partie de cette longue journée.
C’est vers 10 heures que nous entamons le pas en direction des arènes, avec le camion suivi d’un cortège de voitures « militantes » arborant les drapeaux rouge et noir du CRAC Europe plus que jamais pour la protection de l’enfance, sous le regard ébahi des villageois.
Nous serons stoppés dans notre élan à 30 m seulement des arènes ! Résultat d’une longue négociation avec les autorités, menée avec succès par notre président.
Petit bémol tout de même. Stationnés sur une portion de trottoir, on nous demande de déplacer le camion-sono plus loin car il entrave la circulation. Notre « outil de travail » déplacé à plus de 30 m des arènes ? Hors de question ! Nous avons tenu tête, et le camion n’a pas bougé de la journée.
À partir de ce moment, ce fut un enchaînement de musiques, bruitages divers et variés incessants, rythmés par des slogans et interventions répétées au micro. De notre emplacement, nous pouvions observer les sanguinaires tranquillement installés sur les gradins, avec parfois leurs rejetons sur les genoux, afin d’admirer le « spectacle », situation totalement abjecte ! Une vision d’horreur ! Nous, au micro : « Comment pouvez-vous imposer cela à vos enfants ? Comment faites-vous pour leur expliquer que la vie d’un taureau vaut moins que celle du chat ou du chien de la maison, que celui-ci on peut le torturer mais pas eux ? »
Une pena de cinq musiciens postée tout en haut des gradins, tenue de jouer à plusieurs reprises pour couvrir nos bruits, se retournait, consternée, vers nous.
Vers 12 h 30-13 heures, l’acte 1 de la boucherie se terminant, ils allèrent tous s’abreuver au bar du coin. Nous profitons nous aussi de cette courte pause pour nous restaurer, car la journée est loin d’être finie.
Il est 15 heures, et après un calme apparent nous reprenons la manifestation, l’acte 2 de la boucherie débutant dans une heure.
Tout était configuré pour qu’aficionados et anticorrida ne se croisent jamais. Cependant, pour la petite anecdote, nous avons eu quelques spécimens qui, passant devant nous, nous montrèrent leur postérieur en baissant leur pantalon… charmant. Eh oui, la « classe » légendaire des taurins, seul argument de « poids » pour justifier l’horreur.
Notre manifestation, dissoute à 19 heures, s’est déroulée sans heurts.
Nous saluons les forces de l’ordre qui ont fait preuve de beaucoup de sympathie à notre égard ainsi que les journalistes de Midi Libre et d’Objectif Gard.
Pour conclure, un court extrait du compte rendu de cette journée du point de vue des aficionados :
« La deuxième étape du Bolsin de Nîmes Métropole s’est déroulé hier avec des conditions climatiques idéales, mais gâchées par un concert d’anti-taurins cantonnés trop près des arènes » (Source Torobravo.fr).
« Un concert d’anti-taurins », quel formidable concept et nouveau mode d’action pour pallier le manque de militants — point sur lequel les taurins nous bassinent. Mais ils n’ont pas compris que le mouvement abolitionniste évolue (lui), qu’il a franchi une étape. Le nombre pour ouvrir les consciences fut déjà atteint et il est évident que nous ne pouvions maintenir ce rythme chaque saison taurine, à chaque manifestation. Nous ne nous voilons pas la face (nous) ! En revanche, nous faisons preuve d’une imagination toujours renouvelée, avec constamment de nouvelles idées, que nous adaptons à chaque situation. Avec nous, les aficionados ne sont pas au bout de leurs surprises…
Régularité et ténacité sont la force du CRAC Europe.
Aussi, comme l’a évoqué au micro notre président, Didier Bonnet : « Peu importe le nombre, nous ne vous lâcherons pas, jamais. Toutes les actions sont une avancée dans la lutte, du simple tract tendu au saut dans l’arène. D’une manifestation déclarée ou pas. »
Un grand merci à tous les militants qui nous ont honorés de leur présence. Bravo à vous qui avez tenu une journée sous un soleil de plomb, sans lâcher une seule minute. Sans vous, rien ne serait possible.
Prochain rendez-vous pour la finale du bolsín à Saint-Gilles, le 19 août.
Parce que nous ne lâchons rien !
Elsa Strasser
Secrétaire nationale du CRAC Europe