À gauche, le jeune sur le point d’agresser Blanche (photo prise par elle)

Des témoignages concordants montrent que les violences subies par les manifestants anti-corrida à Saint-Gilles le 2 mars ont été sciemment organisées et préméditées par un groupe d’aficionados. De plus, les pompiers présents se sont rendus coupables de non assistance à personne en danger, refusant de secourir les blessés. Enfin, une tentative de manipulation de la communauté musulmane de Saint-Gilles à l’encontre des manifestants a pu être déjouée. Comme à chaque fois, les violences sont venues d’un seul côté, celui des aficionados, et les victimes en sont une fois de plus uniquement des anti-corridas.

Une embuscade organisée

Vers 14h30, deux des manifestantes, dont Blanche, filment avec leur téléphone tout en marchant vers les barrières dressées par les autorités. Des adolescents, qui étaient le matin aux arènes, viennent vers elles. Une fois à leur niveau, ils tentent de leur arracher leur portable, les insultent et les frappent. Blanche prend un coup violent dans le dos. Didier essaie de s’interposer pour les repousser.

Il s’agit en fait d’un guet-apens organisé. Un portail s’ouvre tout près, une vingtaine d’hommes en sortent et se jettent sur Didier pour le tabasser. Frappé à coups de pied au dos et à la tête, il se retrouve au sol, sonné, avec un traumatisme crânien et des douleurs costales.

En parallèle, d’autres afiocionados rejoignent le lieu de l’échauffourée. Selon Raphaël, un manifestant arrivé en retard par rapport au début de l’action et qui s’est retrouvé par hasard juste derrière eux, ils attendaient dans une rue voisine en embuscade, exprimant clairement à haute voix leur intention d’aller affronter physiquement les anti-corridas.

Yohan, un autre manifestant qui a voulu venir aider Blanche et Didier en s’interposant aussi, est violemment frappé par plusieurs d’entre eux à l’abdomen et au visage. Nous disposons de vidéos qui montrent les agresseurs parfaitement identifiables en pleine action.

Les gendarmes finissent par arriver sur les lieux avec un certain retard. Les vidéos démontrent qu’ils sont loin de réagir tout de suite. Pourtant, la scène et surtout les cris étaient bien perceptibles depuis l’endroit où ils se tenaient, c’est à dire devant les grilles placées avant l’entrée des arènes. Ils finissent enfin par faire reculer les agresseurs. Ces derniers se rendent alors tranquillement à l’intérieur de l’arène, ce qui confirme qu’il s’agissait bien d’aficionados.

Un autre incident sérieux s’est produit, qui aurait pu être très grave : le chauffeur d’un camion de transport d’animaux a foncé sur des manifestants qui étaient au milieu de la rue. Il a délibérément accéléré en s’approchant d’eux. Les personnes exposées ont été tirées en arrière in extremis par leurs voisins. Le camion est passé en trombe sans donner le moindre coup de frein.

Les pompiers sur place refusent de s’occuper des manifestants blessés

Après avoir été agressée, Blanche a senti la douleur dans son dos diffuser dans sa jambe. L’une des manifestantes, Nadine, est partie demander de l’aide aux pompiers dont le véhicule était garé près des arènes (immatriculation 8H816KB ). Le chef des pompiers lui a répondu d’un ton cassant : « Non, on ne viendra pas, pas pour vous ! Si vous voulez de l’aide, composer le 18 ! » Elle lui a demandé de confirmer ce refus, ce qu’il a fait avec encore plus de mépris.

Il s’agit là d’une faute grave venant de personnes pourtant parfaitement formées à porter secours à des blessés. Pour rappel, la non assistance à personne en péril est un délit passible de cinq ans d’emprisonnement et de 75000 euros d’amende (article 223-6 du Code pénal).

Un incident comparable s’est produit lorsque Dominique, une autre militante, a fait un malaise et a dû s’allonger sur le sol. Ils ont refusé de la faire ausculter par le service de secours présent sur place.

Nadine a écrit au lieutenant Frédéric Paul, sapeur pompier du SDIS 30 pour s’indigner de cet immobilisme.

La communauté musulmane de Saint-Gilles manipulée par les aficionados

Vers la fin de la manifestation, alors qu’un petit groupe de manifestants attend pendant que d’autres demandent aux gendarmes de les escorter jusqu’au parking où se trouvent leurs véhicules, un groupe de gens de la cité voisine se rassemblent à quelques mètres des anti-corridas. Ils sont visiblement musulmans, des femmes voilées font partie de leur groupe. Ils semblent hostiles envers les manifestants.

L’une des anti-corridas est d’origine maghrébine et arabophone. Elle s’approche d’eux et leur demande pourquoi ils ont cette attitude négative envers eux, alors que le Coran interdit de faire du mal à des animaux pour se distraire. Ils répondent qu’ils ne sont pas là pour ça mais parce que des antis les ont, parait-il, traités de “sales arabes”. Ils montrent Yohan du doigt.

Elle leur explique que ce n’est pas possible venant de Yohan, il a même eu une compagne musulmane. Elle leur parle en arabe de sa mère qui est allée à la Mecque, ce qui les calme. Ils finissent par reconnaître qu’ils ne l’ont pas entendu prononcer ces mots racistes – alors qui le leur a dit ? Leur colère retombe. En revanche, la militante leur apprend que Nadia, une autre manifestante qui s’exprimait avec un mégaphone, a été, elle, traitée de “sale arabe” par des aficionados.

De toute évidence, il y a donc eu manipulation de la jeunesse musulmane locale, qui côtoie de façon permanente les aficionados de la commune (école, collège, etc.). Il est probable que la rumeur de propos racistes attribués aux manifestants a été propagée par les aficionados dans la communauté musulmane pour contribuer un peu plus à leur opération d’intimidation organisée dans tous ses détails.

Et ensuite ?

Les violences subies sont inacceptables, de même que l’attitude des pompiers. Blanche a eu 10 jours d’arrêt de travail. Le médecin de Didier lui a prescrit des radios, soupçonnant qu’une attache entre côtes et vertèbres a été lésée. Yohan a aussi vu son médecin. Des plaintes sont en cours de dépôt par Blanche, Didier et Yohan contre les agresseurs (les vidéos et photos vont être utilisées comme preuves) et contre les pompiers qui ont refusé de porter secours aux manifestants blessés.

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