La place François Rude étant exclusivement piétonne, il nous a fallu l’autorisation pour y accéder en voiture afin de déballer notre matériel. Nous avions 20 minutes devant nous pour le faire, pas le temps de traîner ! Un officier de police de la ville, qui avait pris contact avec nous et qui semble très sensible à la cause animale, nous avait proposé de lui téléphoner si nous rencontrions des difficultés.

Un peu avant 12h30, nous voilà garé à l’emplacement de notre stand, dans ce lieu très fréquenté car riche en cafés et terrasses. Habillés de nos t-shirts CRAC EUROPE ANTI-CORRIDA, nous attirons les regards des personnes attablées.

Géronimo Lamarre arrive pour nous aider, très ponctuel ! Nous installons la tonnelle, les tables, les articles à vendre. Nous avons soigné la présentation et siglé tous nos présentoirs aux couleurs du CRAC. Nous avons même fabriqué avec nos petites mains (œuvre de Fabio), une grande banderole « CRAC EUROPE ».

Marie Pajot arrive pour nous aider. Grande militante dynamique ! Elle attire les gens au stand avec délicatesse et talent ! Marianne Delorme et Océane Bellissens (et un ami) partent arpenter la rue de la Liberté, artère principale de Dijon qui brasse beaucoup de monde, armés de leurs stylos, pétitions, et de motivation à revendre ! Annick Lasne part en vadrouille avec de nombreux tracts.

Nous serons rejoins ensuite par Nathalie Dauteuil, Roland Essayan, et Catherine Dremeau.

Beaucoup de personnes sont attirées par notre stand, et par nos affiches de taureaux torturés qu’ils scrutent comme une curiosité pour certains ! Notre pétition fonctionne bien, les gens sont touchés et ne cautionnent pas cette pratique. Les signatures affluent et notre enthousiasme grandit !

Une aficionada revendiquée n’a pas souhaité écouter notre argumentaire mais souhaitait repartir avec de la documentation. Grand bien lui en fasse, nous l’avons laissée se servir à sa guise.

Fabio a discuté pendant un bon moment avec un jeune afiocionado, qui est resté sur ses positions et Fabio sur les siennes, mais qui a dit avoir apprécié d’échanger avec courtoisie et politesse, et respecté notre position.

La suite fut mémorable. Nous tentons d’attirer un couple à venir signer notre pétition. Madame est enthousiaste et invite monsieur à faire de même. Stupeur ! Monsieur refuse car il est pour la corrida ! Sa femme n’en croit pas ses oreilles et lui stipule que ceci est un motif de divorce, tout cela devant notre stand ! Scène de ménage en perspective ! Madame signe, monsieur non.
Un afiocionado qui passait a refusé de s’approcher du stand en nous criant : « il n’y a pas de corrida à Nîmes ». Oui, et il n’y a pas de vin en Bourgogne, c’est une légende.
Un couple afiocionados d’un certain âge regarde notre stand d’un air biaiseux. Monsieur souhaite continuer sa route mais madame a besoin de converser avec nous.
Elle s’approche et là, une conversation surréaliste commence :
« Ce que vous montrez est faux. La corrida est culturelle et magnifique. Ce sont des images truquées (nos tracts ! ). Vous racontez n’importe quoi, quand le taureau est piqué à la banderille, ça ne lui fait pas plus mal que lorsqu’on se pique le doigt avec une aiguille ». Nous lui mettons sous les yeux les images des armes utilisées lors des corridas, qui sont loin de ressembler à une aiguille à broderie ! Elle nous rétorque ; « De toute façon, ce n’est pas enfoncé profondément, quelques centimètres tout au plus ! ». Nous lui aurions bien proposer de lui piquer le dos d’abord avec une banderille, puis avec une aiguille à coudre, pour qu’elle nous prouve la similitude entre les deux, mais nous sommes des gens non violents. Nous la laissons repartir avec ses idées et sa colère.

Marie s’est débattu avec un couple de touristes australiens, qui affirmaient avoir assisté à une corrida et qu’il n’y pas de mise à mort, et que le taureau gagnait parfois. Leur ignorance et la barrière de la langue ont eu raison de leur échange.

Un couple anglais, toujours lors d’un échange avec Marie lui a raconté la chose suivante : « Monsieur s’est rendu à une corrida car cela lui avait été présenté comme un spectacle magnifique et inoffensif. Quand il s’est rendu compte que ledit spectacle n’était en fait qu’une séance de torture, monsieur a quitté l’arène au bout de 10 minutes et a demandé à être remboursé, ce qui lui a été refusé. Il a été très choqué par cette expérience ».

Nous avons eu à un « Attention, je suis de Arles ». Prononcé fort car loin de notre stand. De loin, c’est toujours plus facile.

Pour en finir avec les afiocionados, nous avons rencontré un couple d’une quarantaine d’années, particulièrement vindicatifs, car madame a travaillé pendant 5 ans aux arènes ! En vrac : « L’afeitado, ça n’existe pas. Vous racontez ça pour discréditer la corrida. » Nous : « Mais non madame, on préfèrerait que ce soit faux mais malheureusement pour vous et surtout pour les taureaux, c’est une réalité. Nous avons des images, des films qui le prouvent. Des vétérinaires taurins eux-mêmes l’affirment. » Elle : « Non, non, non, c’est faux. Vous ne racontez pas la réalité de la corrida, qui est un spectacle magnifique, et de toute façon, vous n’êtes pas du sud, qu’est-ce que ça peut vous faire ? ». Nous : « Mais madame, nous vivons dans le même pays. Nous sommes, vous et nous, citoyens français. Donc, tout ce qu’il se passe sur le territoire nous regarde ». Elle : « Mais personne ne vous oblige à aller voir des corridas ». Nous : « Encore heureux ! Nous pourrions vivre enfermés dans nos régions, comme vous le faites mais nous voyons au-delà, à l’échelle nationale. C’est ça aussi, être citoyen. Et n’oublions pas les chevaux qui sont parfois éventrés dans vos corridas de Rejon ». Elle : « Faut arrêter, ça arrive rarement ». Nous : « Mais ce n’est pas si rare et c’est déjà trop madame. C’est quelque chose qui pourrait être facilement évitée, si vous saviez vous amuser sans tuer. Monsieur, (son conjoint), il n’y a pas d’autres façons de s’amuser, de passer un bon moment, sans torturer, sans mutiler, sans tuer ? ». Monsieur me regarde gêné, et ne me répond pas.
Madame continue en affirmant que de toute façon, les arènes sont pleines et que nous, les antis, nous sommes à peine 50 devant, que nous sommes ridicules et sans poids. Et là, Marie lui a fait une très belle réponse: « Si nous sommes si insignifiants, pourquoi êtes-vous devant notre stand depuis plus de 10 minutes ? C’est que l’on a du toucher quelque chose, et ça, c’est une grande réussite pour nous ». Bravo Marie, avec tact, tu l’as réduite au silence. Ils sont partis en nous saluant, nous avons fait de même, en leur souriant en prime.

Beaucoup de personnes qui nous soutenaient, notamment les plus âgées, ont été étonnés de découvrir que la corrida se pratiquait encore de manière aussi assidue dans notre pays. Les personnes écœurées et farouchement opposées étaient légions !

Notre stand était vivant, un musicien est même venu jouer un air sur notre stand. Note dynamisme, notre engouement, notre motivation, et notre respect du vivant ont attiré à nous un grand nombre de personnes.

Entre le stand et les pétitions obtenus dans la rue par Océane, son ami, et Marianne, nous avons récolté plus de 300 signatures ! Deux adhésions, et environ 150 euros de vente ! Un après-midi productif où les encouragements des passants n’ont pas manqué.

Un beau travail d’équipe, prête à rempiler !

Nous devions quitter la place à 18h mais le succès nous a amené jusqu’à 19h20 !

Nous avons remballé, on a discuté, heureux de s’être rencontrés et d’avoir combattu ensemble.

Nous sommes rentrés, fatigués, mais fiers et heureux et avec le sentiment galvanisant de faire quelque chose de bien.

Merci à Géronimo Lamarre, Marie Pajot, Nathalie Dauteuil, Catherine Dremeau, Annick Lasne, Marianne Delorme, Océane Bellissens (et son ami), et à Roland Essayan pour leur présence, leur enthousiasme, leur travail, leur respect du vivant.

Les participants étaient très heureux de notre travail et semblaient très contents que nous ayons repris la délégation.

Virginie LAPERTOT
Déléguée CRAC EUROPE Côte d’Or (21)

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